ON A MARCHÉ SUR LE LAC

On avait vu se cristalliser peu à peu le lac en octobre. Il se parait d’une peau mate sur l’eau au matin qui disparaissait avec le soleil. Au fil des jours, elle subsistait de plus en plus longtemps dans la journée. Le manteau blanc des premières tempêtes avait recouvert l’eau à peine gelée. Le Col s’était doté d’une plaine immaculée, seule étendue plate au milieu des montagnes. Les randonneurs longeaient ses rives, empruntant sagement la route. Entre le sommet du Col et le Fourchon, tous optaient pour un itinéraire un peu plus long, mais beaucoup plus prudent. Et puis, on a osé. Cet après-midi, un randonneur anonyme a ouvert, peut-être sans en avoir conscience, la saison des traversées du lac. Ses empreintes quittent la route en Italie pour la retrouver au pied de l’Hospice.
Bénédicte Rebord